Appel à contributions : numéro 3 

2022-09-13

Le panafricanisme est un projet fondamentalement épistémique, né d’ontologies centrées sur l’Afrique et enraciné dans une histoire qui remet en question et résiste à la prégnance de la colonialité et à la déshumanisation des peuples africains et d’ascendance africaine. De la révolution haïtienne à la décolonisation, en passant par la négritude, le hip-hop, l’afro-chic et les afrobeats, les mouvements culturels, intellectuels et politiques panafricains ont toujours cherché à prendre en compte les
continuités et les discontinuités de la vie des peuples d’origine africaine tout en s’engageant dans un processus commun d’intégration et de libération de l’Afrique. D’un point de vue politique, le panafricanisme est une mise en accusation du colonialisme et de sa partition du continent. Culturellement, il positionne les modes de création et les voix africains dans la tâche complexe d’imaginer et de concevoir une présence panafricaine dans l’histoire mondiale. Sur le plan épistémique, le panafricanisme fournit une base théorique à partir de laquelle il est possible de remettre en question les fondements mêmes de la colonialité en constituant une proposition alternative à l’ordre épistémologique de la modernité, qui universalise le sujet occidental local et l’Occident comme Sujet de l’histoire.


Le 20e anniversaire de l’Union africaine – l’une des formes institutionnelles les plus récentes du projet panafricain – est l’occasion de réexaminer la pertinence épistémique du panafricanisme dans un contexte de décolonisation inachevée. Malgré l’accumulation de près de deux siècles de discours sur la signification, la pertinence, les perspectives et les défis du mouvement, un numéro spécial sur le panafricanisme est particulièrement opportun maintenant car, en tant que position épistémique, il
permet de repenser la présence de l’Afrique dans les processus contemporains de création de connaissances, notamment à la lumière des récentes propositions intellectuelles africaines telles l’afropolitanisme, l’afrofuturisme et l’afro-chic, et en conversation avec les théories postcoloniales et décoloniales ainsi que la demande permanente d’émancipation politique au niveau mondial.

Mieux encore, un dossier sur le panafricanisme est d’autant plus urgent que cette tradition intellectuelle a le potentiel de stimuler les conditions d’un engagement radical face à certains des problèmes les plus critiques auxquels notre monde est aujourd’hui confronté, à savoir les limites planétaires que pose l’Anthropocène, dont les effets les plus frappants sont la destruction des habitats naturels, le changement climatique, les déclins de biodiversité qui remettent en question la possibilité même de la vie et menacent l’avenir de notre planète. Le panafricanisme peut aussi permettre d’explorer de manière nouvelle les défis et les opportunités sans précédent de la quatrième révolution industrielle marquée par l’économie des données, le développement fulgurant de l’intelligence artificielle, les projections littéralement extraordinaires du transhumanisme et la digitalisation des sociétés qui redessinent les limites de notre existence.


Pour toutes ces raisons, les éditeurs de ce numéro spécial invitent les chercheurs, les activistes et les artistes à se demander : comment le panafricanisme peut-il participer à identifier et à construire des chantiers de recherche, des priorités intellectuelles et des postures heuristiques à partir de l’Afrique et de la diaspora africaine pour l’Afrique, la diaspora et le monde entier ? Comment la tradition panafricaine peut-elle nous aider à questionner, soutenir, nuancer et faire avancer notre engagement avec le pluriversel et à faire face à l’exclusion ainsi qu’aux limites des téléologies modernes du progrès ? Plus précisément, comment le panafricanisme peut-il être une source d’innovation et de perturbation dans notre engagement à l’égard de la gouvernance mondiale, du racisme, de l’hétéronormativité, du patriarcat, des inégalités sociales, des extrémismes religieux et des conflits armés. Dit autrement comment le panafricanisme peut-il contribuer à redéfinir les possibilités d’un monde convivial et juste quand celui-ci est de plus en plus façonné par des discours populistes, nativiste, isolationnistes et hostiles au multiculturalisme ?

Les résumés proposés doivent être soumis à https://globalafricapress.org/index.php/globalafrica/about/submissions selon le calendrier suivant :
• Date limite de soumission des résumés (500 mots) : 11 octobre 2022
• Notification d’acceptation des résumés : 21 octobre 2022
• Date limite de soumission des articles : 21 janvier 2023
• Date limite pour l’acceptation finale : 11 février 2023.

Pour toute question concernant le numéro spécial, veuillez contacter les rédacteurs :
[email protected]